Fabriquons ensemble
l'avenir de l'industrie en France

Fabriquons ensemble l'avenir de l'industrie en France

En faisant le choix de produire dans l’hexagone, de nombreuses entreprises façonnent le renouveau de l’industrie autour des considérations sociales, environnementales et de la préservation de notre précieux savoir-faire. 

Pleins d’ambition, le fabricant de souliers sur mesure Chamberlan, le joaillier et directeur artistique Frédéric Mané ou encore la célèbre marque de mode française 1083 s’inspirent de l’énergie et la passion de leurs jeunes recrues en les impliquant au plus près de cette transition. Retour sur leur expérience.

Sauvegarder un patrimoine industriel régional

La place Vendôme pour la joaillerie, Romans-sur-Isère et la Dordogne pour le travail du cuir et l’expertise de la chaussure… Trois lieux très différents mais un point commun, être le berceau de savoir-faire d’excellence. Sophie Engster, directrice et cofondatrice de la marque Chamberlan n’a pas choisi d’installer son usine en Dordogne par hasard. Pourtant, elle s’inquiète.

Ça nous tenait vraiment à cœur de sauvegarder un savoir-faire en voie de disparition, mais nous avions sous-estimé à quel point il était effectivement en train de disparaître. Et quand un savoir disparaît, c’est très compliqué de le faire revenir.” 

Un avis partagé par Thomas Huriez, le fondateur de 1083 qui a également fait le choix de préserver l’héritage industriel français en relançant des productions locales et en formant toujours plus de nouveaux artisans. 

Dès son lancement à Romans-sur-Isère, la ville où je passais mes vacances chez ma grand-mère, nous avons fait le choix de fabriquer des sneakers. Et aujourd’hui, comme le veut la tradition, de vieux chausseurs continuent à former chaque année de jeunes apprentis pour pérenniser les métiers”.  

En 2021, c’est d’ailleurs un autre savoir-faire français, textile cette fois-ci, que la marque a eu à cœur de revaloriser en ouvrant sa deuxième usine de vêtements à Rupt-sur-Moselle dans les Vosges.

L’industrie, un secteur qui forme !

En plein renouveau, l’industrie française a à cœur de former des jeunes pour que les savoir-faire qui constituent son excellence ne se perdent pas, et au contraire se perpétuent. 

“Cela fait 15 ans qu’il n’y a plus de formation possible pour travailler avec nous. Les formations ont disparu à mesure que les usines se sont délocalisées et que les machines ont disparu.” 

 

Sophie Engster a dû écumer la France pour trouver du personnel qualifié capable de former ses équipes. Un combat qu’elle a mené avec acharnement, se félicitant néanmoins d’avoir trouvé, en la personne de Fred Rolland, ancien bras droit de Christian Louboutin, un précieux allié pour former ses premières équipes et lancer son activité. Aujourd’hui, son travail de formation se poursuit, faisant de son usine de chaussure, un précieux lieu d’apprentissage.

 

Dans la joaillerie, comme dans la mode, les étudiants s’orientent de plus en plus vers des diplômes de stylistes et de directeurs artistiques, mais si ces métiers tertiaires sont attirants, ils ne sont pas les seuls dont l’industrie française, aux multiples facettes, a besoin. La main-d’œuvre qualifiée et les savoir-faire artisanaux sont aussi fortement prisés, parmi lesquels des piqueurs de cuir, de monteurs de souliers, de couturiers, de sertisseurs,… Des métiers qui font appel à “l’intelligence de la main”, une formule chère au joaillier Frédéric Mané, qui voit en elle la traduction d’un geste exceptionnel. Une dextérité guidée une réflexion complexe, elle-même issue de savoirs pluriels où se mêlent les sciences, les traditions, l’art ou encore l’histoire.

Trop longtemps ignorés, ces métiers reviennent en force dans les écoles et de plus en plus de formations sont accessibles aux étudiants de tous niveaux, y compris en reconversion.

Les industriels eux-mêmes, encouragent largement leur pratique en participant activement à l’effort de formation. Ils s’emploient notamment à faire bénéficier à leurs salariés de conditions de travail toujours plus attractives (rémunérations réévaluées en fonction des expertises, temps de travail en usine très encadré…)

L’industrie en France, entre tradition et innovation

Mais qui dit préservation des savoir-faire, ne dit pas pour autant statu quo. Au contraire, ces nouveaux acteurs de l’industrie en France ont même la volonté de mettre l’innovation au cœur de leur croissance. Pour Frédéric Mané, elle est essentielle au processus de création.

Lui qui se joue des matériaux précieux, rares ou exotiques, utilisant aussi bien des diamants historiques, des os fossilisés de dinosaure que du métal issu de fusée, souligne également l’importance de l’innovation conceptuelle et de la force des messages.

“Nous pouvons exprimer des concepts très profonds et même sociaux dans nos créations”

Une affirmation qui reflète pour lui la singularité de la joaillerie française capable de mêler l’impertinence à l’élégance, à l’image de sa “bague de défiançaille”.

Plus engagée qu’impertinente, l’entreprise de vêtements 1083, se concentre, quant à elle, à augmenter l’apport de matières premières locales, durables et recyclées.

“Il y a encore peu de temps, refaire du fil à partir de textiles recyclés n’intéressait personne. Maintenant, les mentalités évoluent”

Elle a ainsi travaillé en collaboration avec un autre industriel, Le Slip Français sur le réemploi des textiles. En parallèle, 1083 explore également la production de coton français avec des agriculteurs investis, pour commercialiser le tout premier jean 100% fait en France.

La digitalisation des usines est également un enjeu prioritaire pour assurer le développement et la compétitivité des marques, tout en améliorant significativement les conditions de travail des ouvriers et des artisans.

“Les étapes ne sont plus toutes manuelles, nous sommes assistés par des machines. Les pieds des clients sont digitalisés et modélisés en 3D… Nous prenons le meilleur de l’industrie et le meilleur de l’artisanat pour offrir le meilleur à nos clientes” explique Sophie Engster de Chamberlan. 

Cette modernisation permet de proposer des chaussures sur mesure à des prix et délais réduits, comparés aux méthodes traditionnelles. 

Réinventer la production industrielle

Sophie Engster, Thomas Huriez, et Frédéric Mané partagent une vision commune : innover dans leurs industries respectives pour être plus en phase avec les enjeux sociaux, économiques et environnementaux qui marquent leur époque. Ainsi, Sophie Engster met en avant le modèle de production sur-mesure de Chamberlan comme la seule réponse viable à la situation planétaire.

“Nous n’avons pas de stock, nous fabriquons nos modèles à la demande, en fonction des demandes de nos clientes.”

Cette approche, bien que risquée, combat activement la surproduction traditionnellement observée de ces industries tout en garantissant des souliers intemporels, élégants et d’un grand confort. Dans la même lignée, Thomas Huriez, inspiré par la permaculture qui est une méthode de culture favorisant les symbioses naturelles, a imaginé le principe de “perma-industrie”. Son approche se concentre sur une production responsable, une sobriété industrielle bénéfique à l’entreprise et à ses partenaires.

“La perma-industrie s’inspire de la nature qui est résiliente, qui est toujours capable de s’équilibrer, de s’adapter, mais qui ne produit jamais en excès.”

Ainsi, 1083 ne produit qu’en stock limité, et pas plus que sur commande, réduisant ainsi les déchets quasi inévitables dans le textile. 

Pour Frédéric Mané, l’évolution de l’industrie est également sociale. Fruit de longues observations, à l’étranger et dans d’autres corporations, il a choisi de rassembler plusieurs expertises dans la joaillerie pour former un collectif unique. Cette approche collective garantit non seulement l’excellence dans la création mais aussi une reconnaissance équitable de tous les participants.

“Chaque corps de métier peut cosigner une œuvre à parts égales. C’est un acte social pour moi, tout le monde est ainsi mis en avant.” 

Fabriquer en France c’est faire le choix de se tourner vers l’avenir. De contribuer collectivement à établir un nouveau modèle d’industrie aussi durable que respectueux. De participer activement à la mise en place de bonnes pratiques tout comme au maintien du savoir-faire et de l’excellence française. C’est écrire ensemble un nouveau chapitre et indiquer la meilleure direction à emprunter. Celle qu’empruntera la nouvelle génération qu’il faut s’appliquer à encadrer pour qu’ils développent au mieux leurs compétences et poursuivent l’effort. Car à n’en pas douter, faire partie de cette grande aventure française constitue une immense fierté, pour tous ceux qui en sont les acteurs.